Nucléaire : enfin une bonne nouvelle !
Ca fait longtemps qu’on le crie, construire une centrale nucléaire coûte très cher à la planète, aux générations actuelles et futures et au portefeuille.
Voilà qui va maintenant aussi se savoir : son démantèlement a aussi un prix exorbitant et un coût tout aussi certain pour l’environnement.
Le Conseil d'Etat vient en tout cas de sanctionner Edf en lui demandant de stopper le chantier de démantèlement de la centrale de Brennilis. Il a reconnu qu'EDF n’avait pas mis à disposition du public l’étude d’impact imposée par la loi avant d’avoir bénéficié du décret d’autorisation de démantèlement. 700 000 habitants vivent pourtant dans un rayon de 50 km autour de la centrale.
Les associations de défense de l’environnement et le réseau sortir du nucléaire réclament une véritable étude d’impact menée par un organisme indépendant.
Succès du Réseau "Sortir du nucléaire" devant le Conseil d'Etat : un premier pas Saisi par le Réseau "Sortir du nucléaire", le Conseil d’Etat a annulé mercredi 6 juin 2007 le décret qui autorisait EDF à procéder au démantèlement complet de la centrale nucléaire de Brennilis (Finistère), arrêtée depuis 1985. Ce succès du mouvement antinucléaire pourrait avoir des conséquences insoupçonnées. En effet, qu'il s'agisse du dossier du démantèlement des installations nucléaires ou de celui de la construction de nouveaux réacteurs, l'industrie nucléaire n'est peut-être qu'un colosse aux pieds d'argile. Si le Réseau "Sortir du nucléaire" s'est attaqué au décret autorisant le démantèlement complet de la centrale de Brennilis, ce n'est bien entendu pas pour contester la nécessité de démanteler les installations nucléaires. Il s'agit en réalité d'empêcher EDF d'abuser l'opinion publique : en procédant de façon précipitée au démantèlement de ce petit réacteur d'une puissance de 70 MégaWatt (MW), et en prétendant que cette opération se déroule sans difficulté, EDF veut faire croire qu'il serait tout aussi "aisé" de démanteler les réacteurs actuels. Mais ceux-ci sont beaucoup plus gros : 34 réacteurs de 900 MW, 20 de 1300 MW, 4 de 1450 MW. Sans oublier les 8 réacteurs dits de "première génération", arrêtés depuis 20 ans et qui attendent qu'EDF veuille bien s'occuper d'eux. De fait, les importantes difficultés d'ores et déjà rencontrées par EDF à Brennilis vont être démultipliées. Ainsi, il n'existe pas actuellement de solution pour les déchets les plus radioactifs générés par le démantèlement de la centrale de Brennilis. Il semble que EDF envisage de les expédier vers le centre nucléaire du Bugey (Ain) mais… le site d'entreposage n'existe pas (il est annoncé pour 2015). De toute façon, l'entreposage n'est pas une solution pérenne : si les déchets de Brennilis sont envoyés au Bugey, ils devront tôt ou tard être expédiés ailleurs, ce qui démultipliera les coûts, les transports et les dangers associés. Tout aussi problématique est la véritable bombe à retardement que constitue, sur le plan financier, le dossier du démantèlement. Ainsi, dans son rapport public 2005, la Cour des comptes a rappelé que la facture annoncée par EDF pour Brennilis est longtemps restée aux alentours de 20 millions d'euros, alors qu'elle atteint aujourd'hui 482 millions (*). Pour ce qui est du démantèlement de l'ensemble du parc nucléaire, EDF annonce avoir budgétisé 27 milliards d'euros. A titre de comparaison, la Grande-Bretagne a évalué à 103 milliards d'euros le démantèlement de ses propres installations, bien moins nombreuses qu'en France. La facture réelle du démantèlement en France atteindra donc inévitablement le montant incroyable de plusieurs centaines de milliards d'euros. Si EDF était contrainte de mettre de côté de telles sommes, l'entreprise risquerait la faillite. On comprend alors bien les raisons du mensonge sur le coût réel du démantèlement. Mais, la vérité menaçant d'éclater tôt ou tard, il est prévu de faire disparaître cette épée de Damoclès : en payant une "soulte libératoire", EDF pourrait se débarrasser définitivement, sur le dos de l'Etat (et donc des citoyens), des installations à démanteler. Bien entendu, quelques années plus tard, le chèque versé par EDF se révèlera d'un montant absolument ridicule par rapport à la facture réelle, mais ce sera trop tard. Il ne s'agit pas là de simple supputations : ce subterfuge a déjà été utilisé concernant les installations du site nucléaire de Marcoule (Gard) qui appartient désormais en totalité au Commissariat à l'énergie atomique (c'est à dire à l'Etat, c'est à dire aux citoyens), les entreprises EDF et Areva s'étant désengagées à bon compte. La soulte étant "libératoire", il n'y a plus de moyen de revenir en arrière. Appliqué à l'ensemble du parc nucléaire, ce tour de passe-passe aurait des conséquences catastrophiques pour les finances publiques... et inversement bénéfiques pour les profits des actionnaires. Si de puissants financiers parient sur l'avenir d'EDF en bourse, c'est qu'ils ne doutent pas un seul instant que la manoeuvre sera tôt ou tard mise en oeuvre. Mais le Réseau "Sortir du nucléaire" espère la faire échouer, en particulier en informant les citoyens de ce qui se trame dans leur dos. La victoire devant le Conseil d'Etat est un bon début : chacun doit savoir que le dossier du démantèlement plombe l'avenir d'EDF et qu'il ne sera pas facile de se débarrasser du problème sur les citoyens. Ce succès ouvre aussi d'autres perspectives : les infractions de l'industrie nucléaire sont multiples. Ainsi, le Réseau "Sortir du nucléaire" a bon espoir de voir, dans quelques semaines, le Cour administrative d'Appel de Nantes lui donner raison et annuler le permis de construire du réacteur EPR, qu'EDF entend construire à Flamanville (Manche), en violation de la "Loi Littoral". On peut citer aussi l'affaire de la centrale nucléaire du Blayais (Gironde), depuis 4 ans sous le coup d'une plainte après avoir fonctionné durant cinq mois en 2003 sans ses autorisations de rejets. Pour le moment, ce sont des militants antinucléaires, qui ont eu le "tort" de revendiquer un procès contre cette centrale, qui sont poursuivis à Bordeaux le 13 juin prochain. Mais la justice pourrait finir par condamner les nombreuses infractions de l'industrie nucléaire. Le Conseil d'Etat a ouvert la voie, les citoyens sont en droit d'attendre d'autres succès. Stéphane Lhomme Porte-parole du Réseau "Sortir du nucléaire" (*) http://www.ccomptes.fr/CC/documents/RPT/RapportRadioactifsnucleaire.pdf |
Plus d'informations http://www.sortirdunucleaire.org